L'ART OCÉANIEN
Créer se dit « parler » dans les langues océaniennes. La Parole, le Verbe, agit sur la matière et celle-ci devient, même pour peu de temps, objet d’art.
L’artiste reproduit des formes connues et héritées de ses ancêtres. Les motifs appartenaient à un groupe, un clan, une famille. De ces temps anciens, les formes dessinées ou sculptées gardent une caractéristique, celle d’être uniques, d’appartenir à un groupe déterminé de locuteurs.
C’est la magie de l’Océanie : un monde d’îles peuplées de petites communautés qui ne se comprennent pas et qui développent sur leur territoire, parfois exigu, un monde à elles, des cultures originales, des styles artistiques typés et que reconnaît vite le spécialiste ou l’amateur éclairé. Au gré des rivages, au gré des fleuves, s’égrainent ainsi de multiples centres de création.
Les océaniens étaient
associés dès leur plus jeune âge à l’élaboration et à la
fabrication de tout ce qui doit être réalisé pour une fête ou une
activité quotidienne importante.
L’activité
artistique plastique est souvent une activité commune au même titre
que la cuisine, le chant ou la danse.
Ainsi les grandes fêtes lors de certaines récoltes, celles de l’igname par exemple, rassemblent des centaines d’hommes et de femmes qui rivalisent d’art et de science pour faire de la réunion qui s’étend au-delà des bornes de leur simple village, un moment si réussi qu’on en reparlera longtemps. Le souvenir de cet événement accroît le prestige de la collectivité et de son chef.
C’est dire l’importance que prend l’apprentissage artistique dans l’éducation des enfants. De plus, pendant qu’on réalise une peinture rituelle, la construction d’une pirogue qui servira à des compétitions de prestige, celle d’une maison qui doit rehausser la supériorité de son propriétaire ou encore pendant l’élaboration d’un plat, les hommes ou les femmes plus âgées, les aînés, enseignent non seulement une technique, mais également les mythes et les histoires qui donnent la raison de gestes précis venus des temps anciens. L’art s’apprend donc, dès le plus jeune âge, en regardant les anciens faire et en les écoutant psalmodier généalogies et récits mythiques des temps d’avant.